A Monsieur
Monsieur Bascle de Lagrèze
Président de la Cour civile temporaire
à Pau
Monsieur & cher ami,
Votre lettre du [blanc] m'étoit bien parvenue, n'ayant pas eu depuis motif de m'entretenir avec vous, je me suis privé jusqu'à ce jour du plaisir de vous écrire. Je n'ai pas voulu non plus vous fatiguer de recommandation sur recommandation, voulant autant que possible vous éviter les peines et les embarras que je vous occasionne trop souvent.
Mes amis de Madrid m'entretiennent de votre affaire contre la Marquise de Casa Tabares. Vous verrez qu'elle n'est pas très brillante. Comme leur lettre pourra vous servir à avoir des reprises, je vous l'adresse en original. J'écris à mes correspondants d'exiger le dividende qui doit vous revenir sur les biens que M
me la Marquise de Tabares a abandonnés. Si cette disposition n'étoit pas conforme à vos vues, veuillez m'en informer au plus tôt.
Je ne sais si vous êtes bien content de ce qui se passe à la Chambre des députés; pour moi, je ne suis pas sans crainte de voir les scènes de la révolution se renouveller, si Charles X n'oppose au désordre actuel un caractère ferme.
Depuis trois jours, il n'est question ici que de la nomination de Monsieur Bastard de Létang à la place de président du tribunal de première instance ici; cela donne de l'inquiétude à celui qui depuis longues années exerçoit ces fonctions. Si vous savez quelque chose de positif à cet égard, vous m'obligerez bien de me le participer, vous assurant de ma discrétion
J'ai recommandé à mon fils cadet qui doit passer dans votre ville dans cinq à six jours de ne pas manquer de vous faire une visite pour mon compte & celui de mon fils aîné. En attendant, je vous renouvelle de tout mon coeur l'assurance de l'estime et du dévouement sincères avec lesquels je suis
Votre bon ami
Lahirigoyen
Monsieur Bascle de Lagrèze président de la Chambre civile Temporaire à Pau