Monsieur,
Monsieur auguste Soubiran, avocat, ancien
magistrat et chevalier de la légion d'honneur.
Mont-de-marsan.
Cazères le 21 Juin 1841.
Mon cher auguste, Marie Sempé veuve Deliès, de Cazères, ancienne servante de M
r de Caumont, a eu deux enfants de son mariage avec Jean Deliès décedé depuis très long-temps; l'aîné a disparu depuis 18 ans ans au moins et on n'a jamais pu savoir malgré les recherches sans nombre, ce qu'il était devenu; le cadet qui est garçon imprimeur chez M
r Delaroi à mont-de marsan a subi le sort cette année et est passé au conseil de révision mardi dernier 15 du courant; ce jeune homme a été reconnu bon au service militaire bien qu'il n'ait pas un mètre cinquante six centimètres que la loi sur le recrutement exige pour avoir la taille; d'ailleurs une nouvelle vérification de la taille sous la toise démontrera clairement s'il y a eu une méprise de la part du conseil de révision; comme je sais que tu es très obligeans je te prie, mon cher auguste, de t'intéresser auprès du préfet pour ma recommandée qui est sans secours et sans ressource pour subsister si son second fils qui est son seul et unique espoir par suite de la disparition de son fils aîné, vient à partir Comme veuve, il me semble, puisque son fils aîné a disparu, que la loi doit-être favorable à Marie Sempé épouse deliès qui est dans la désolation; cette pauvre femme est infirme, elle est très sourde. vois-donc, mon cher ami, s'il n'y a point quelque moyen de faire réformer la décision du conseil de révision.
M
r et M
me de Caumont et la chère uranie me chargent de te dire les choses les plus affectueuses.
adieu, mon cher auguste, ménage ta santé et crois-moi, je te prie, pour la vie ton cher frère et dévoué ami.