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Lettre adressée à M. Nogaret, à Salies-de-Béarn (64)

  • Date: 03/04/1842
  • Lieu: Paris (75)

[La transcription peut comporter des erreurs]


Monsieur
Monsieur Nogaret
à Salies
B. Pyrénées



Paris 3 avril 1842

Mes chers parens,

Cette lettre vous serait parvenue depuis quelque temps, si je n'eusse voulu profiter pour vous l'envoyer du départ de deux jeunes-gens d'Orthez qui ont été passer quelques jours chez eux: je dois être bien coupable à vos yeux d'avoir passé si longtemps sans vous écrire; mais je n'avais rien de bon à vous annoncer: depuis le jour de mon départ jusqu'à aujourd'hui, je puis dire que j'ai été continuellement malade; j'ai eu de nouveau les fièvres et plus longues et plus fortes; aux fièvres ont succédé des coliques qui ne me laissent pas tranquille un seul jour; si ces deux maladies me laissaient quelque repos, j'avais des maux de dents ou plutôt des maux de nerfs, non d'un côté de la face comme ces vacances, mais des deux à la fois; le plus souvent ces maladies m'ont affecté séparément chacune, d'autrefois simultanément; ces jours-ci et aujourd'hui même j'en suis quitte pour des coliques moins intenses, et des douleurs dentaires si je ne mange avec la plus grande précaution; si la santé ne me revenait pas avec le printemps je m'estimerais bien malheureux d'être revenu sitôt à Paris; mais je n'en espère pas moins quitter cette ville une fois pour toutes aux vacances avec le diplôme de docteur, et si déja je ne suis pas plus avancé croyez qu'il n'y a pas de ma faute. Une des choses qui me chagrinent le plus c'est l'indifférence dont vous me croyez probablement coupable envers vous: je n'ai qu'une réponse à faire et croyez-moi véridique: depuis que je suis ici, j'ose dire qu'il ne s'est pas écoulé l'espace d'une heure que je n'aie pensé à vous, et depuis la lettre que m'a apportée Léon, ma sollicitude, surtout pour ma mère n'a fait qu'augmenter
Je ne vous avais pas parlé de la réception que m'ont faite M.M. Cruseilhes et de Laroque: le premier m'a reçu poliment; le second avec bonté, m'engageant à suivre le service de son hôpital, et me promettant de faire ce qu'il pourrait pour m'aider à étudier la médecine; mais jusqu'à présent je n'ai pu profiter de son obligeance; son hôpital est si éloigné, le temps si mauvais, et ma santé si chancelante, que j'attendrai encore quelques jours. J'espère, chère Maman que le printemps te ramènera la santé, je te félicite de ton courage à supporter une réclusion aussi longue, et je suis persuadé que tu en seras récompensée par de bons résultats; supporte avec résignation le vésicatoire dont M. Dupourqué t'a parlé; je ne doute pas qu'il ne te faille au moins cela; je souffre en passant à la douleur qu'il te causera, à toi si chétive et si nerveuse; malheureusement la douleur physique ne peut pas se partager: je prie mon père de ne pas abuser de son bon estomac par des alimens trop indigestes. Je suis les conseils que vous m'avez donnés dans votre lettre, je vais au temple le dimanche et je lis un chapitre de la bible chaque jour. J'attends pour écrire à mon frère d'avoir vu Broca: donnez-moi je vous prie des nouvelles de sa santé ainsi que de celles d'Adolphe: j'ai vu dernièrement M. Beigbeder: je dinai chez lui le mercredi de Pâques et nous fûmes nous promener à la foire aux jambons: il m'a chargé de mille amitiés pour vous: je fus hier au soir chez M. Pédézert; j'oubliai de lui demander à quelle époque partaient les missionnaires: je réparerai cet oubli la prochaine fois:
Vous ne m'avez pas dit quelle est la personne que Marsoo a chargée de me rembourser les trente et deux francs que j'ai avancés pour l'abonnement de M. Dupourqué; j'en ai un bien grand besoin vu que je me trouve au bout de mon argent.
Trois mois de pension et trois mois de chambre font219
blanchissage 3 mois16
Cabinet de lecture 3 mois15
Dépenses imprévues80

330
J'avais dépensé en voyage[14... manque][manque]

4785
Vous voyez que j'ai besoin d'argent: vous aurez je vous prie la bonté de m'indiquer la prochaine fois comment vous me le ferez parvenir. J'espère la prochaine fois que je vous écrirai vous dire qu'une partie a eté employée à passer mon examen.
M. Lombré m'a appris l'heureuse délivrance d'Adéle Marsóó; je vous prie de de leur témoigner combien je prends part à leur bonheur: on m'a dit que c'est un garçon: qu'il soit gros et beau je n'en doute pas; qu'il soit brun, c'est encore plus probable; donnez-moi quelques détails sur les parrain, marraine, et prénoms du nouveau-né.
Adieu chers parens je vous embrasse avec la plus vive affection: mes amitiés à mon frére et à nos parens. Rappelez-moi au souvenir des Dupourqué, Pomier: dites à Hector que je lui écrirai par Léon ou M. Lombré: je lui envoie les lancettes par Gascouin de Maslacq qui vous fera parvenir cette lettre.

Remettez ce reçu à M. Dupourqué.

Amitiés à G H C.

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