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Lettre de Nestor de la Bévière adressée à M. d'Olce, au pensionnat de Fribourg (Suisse)

  • Date: 05/10/1838
  • Lieu: Genève (Suisse)

[La transcription peut comporter des erreurs]


Monsieur D'Olce
Au pensionnat
à Fribourg
Suisse




Genève 5. 8bre 1838.

Je viens, comme tu vois, cher ami, te mettre le plutot possible au courant des affaires qui, à ce qu'il m'a paru jusqu'ici, ne sont pas encore ni bien serieuses, ni bien décidées; l'on ne sait ici, pas plus qu'à Fribourg, ce qui doit avoir lieu du moins dans la suite; la ville quoique très tranquille ne laisse pas que de présenter un petit air guerrier assez décidé; on ne compte pas encore sur les nouvelles de paix que l'on a reçues de france et l'on continue les travaux des ramparts tant que les ordres de retirer les troupes françaises se feront attendre, outre le contingent, l'on voit un certain corps des volontaires avec blouse bleue, casquette platte en toile-cirée, armé dé fusils de 6 pieds de long et giberne ordinaire au côté ayant au bras gauche les couleurs cantonales, tout ceci parrait assez drôle; mais quoiqu'il en soit, ils paraissent bien determinés à se défendre, si on les attaque ce qui ne parrait pas du tout certain; voila donc tout ce que je peux t'apprendre de Genève pour le moment en ajoutant que les journeaux tombent a plat-de-couture sur le grand conseil fribourgeois qui a voté pour la paix; c'est à leur yeux, une infamie d'avoir voté pour appuyer la demande de la france, aussi ont-ils intitulé leur article: Le grand conseil a avili la patrie. ils ne ménagent pas non plus Mr de Maillardoz député à la diette; ils traitent enfin très clairement de lâches, de poltrons ceux qui ont eus a fribourg la majorité, en comblant d'un autre côté d'éloges l'avoyer Schaller et tous ceux qui tiennent à son parti; tout ceci est fort curieux à lire; si j'ai pu le faire, c'est que je le dois au manque de place pour Lyon; il m'a fallu attendre toute la journée du vendredi ici avec la consolation d'avoir pour tout potage une place de banquette, payée horriblement chère; car toutes les places pour le prix ont été augmentées de plus de moitié, ce qui ne va guère arranger ceux qui sont obligés de venir a fribourg; j'ai demandé si cela avait lieu en venant de Lyon et l'on m'a répondu affirmativement. = J'espère voir ce soir [] et Lebon ainsi que [] qui doivent arriver entre 9 et 10h du soir, ce qui n'est pas le plus agréable. = adieu, mon bon ami, je ne mets pas ma lettre à la poste ici afin de te dire ce qu'il y a de l'autre côté des frontières, comme de ce côté ci. adieu. =
Bourg 7 quoique perché bien haut, j'ai pourtant terminé heureusement ma course, et je me hate maintenant, de te dire ce que j'ai vu en france afin de ne pas te faire attendre trop long-temps cette lettre: Je te dirai donc que jusqu'à présent l'on peut très bien passer témoin le père [] qui revient de Marseille avec une bande assez considerable et qui doit être a fribourg dimanche soir, n'ayant pas non plus trouvé de la place; il pourra donc vous dire que les troupes françaises quoique très avancées n'ont encore rien changé à l'ordre accoutumé des choses; elles sont stationnées dans chaque ville et village de la frontière jusqu'à Nantua et au dela, l'on fait marcher maintenant de l'artillerie, dont on ne peut [] rien []; car partout, à fribourg à Genève en france, du moins sur la frontière, on ne sait pas dire ce qu'il y aura; les uns soutiennent qu'il y aura guerre, d'autres pensent que la france n'attaquera pas, enfin l'on ne sait pas trop de chaque côté sur quoi se fonder. Le général Aymar nommé commandant des troupes a fait parraitre une proclamation bien forte contre la suisse, ce qui ne serait pas une preuve de paix; on l'a trouvé généralement sévère et même un peu trop forte en parlant d'un peuple qui n'est pas encore ennemi [e... manque] qui a toujours été allié, les Genevois s'en [s... manque] aussi servi avec empressement pour [pra... manque] combien la france avait tort et avec [que... manque] justice on se préparait à lui résister.
Je te quitte mon bon ami étant obligé d'ecrire un petit mot à labrise, adieu, porte-toi bien, dis mille chose de ma part à Laluque, Cavalier, Lambert, courcol, biquet, felix, henri et pour toi mon bon petit compte toujours sur mon éternelle amité

Nestor De La Bévière

(à Longes par Chatillon les Dombes)
dep. de L'ain