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Lettre de M. Marrast neveu adressée à Mme Marrast, née Rechede, à Villeneuve-de-Marsan (40)

  • Date: 20/06/1816
  • Lieu: Bayonne (64)

[La transcription peut comporter des erreurs]


à Madame
Marrast Née Rechede
à Villeneuve des Landes
Par Mont-de-Marsan.



Bayonne le 20 juin 1816.

Ma bonne amie.

je dézire bien sincérement que ton voyage ait été heureux et que tu sois arrivée à Villeneuve bien portante et point fatiguée. ton départ d'ici, Ma chère silvie, fut pour tous ceux de ton Ménage un jour de deuil; les trois filles te pleurèrent toute la journée et je te pleure encore. lorsque je te fis rappeller près de moi, a l'épôque de ma maladie, je ne pensois pas dutout que la position dans laqu'elle je me trouve depuis ma convalessence me feroit doublement apprécier ton séjour près de moi à Bayonne; et que tu serois forcée de me quitter au moment où ta présence me serait si nécessaire. je n'ai pas bésoin de te dire sans doute que tu faisois souvent trève au chagrin que j'éprouve et que tu réussissez a changer toute la noirceur de mes refléxions par celles que tu me faisois que nous pourrions encore nous trouver dans une position a pouvoir jouir sans Trouble de la vie. cet Espoir si fort d'accord avec mes dézirs paraport a toi & a nos Enfans me flattoit toujours, car vous étes en grande partie les seules causes de mes peines parce que je ne m'occupe que de celles que vous pourriez avoir un jour, si nos Parents vous frustraient de la part de leurs biens sur lesquéls ils ne désavouent pas vos Droits. je ne parle que de vous autres, Ma bonne amie, parce que les Maladies que je fais depuis quelques années, mes Infirmités & l'amertume de mes pensées semblent me prevenir que je ne suis pas loin du térme où finissent toutes les vissisitudes de la vie. si Dieu me conserve assés pour te voir dans une situation heureuse et tranquille, jamais Mortel n'obéira avec plus de résignation que moi au Décret qui nous condamna a tous; je lui dois Mille & Millions d'actions de graces de m'avoir preservé du coup fatal lors de ma maladie; jamais on ne seroit parvenu a débrouiller certaines affaires qui sont pour moi d'un grand intérêt, & dont les résultats t'auraient toujours été inconnus. je suis retenu pour cloturer mon Inventaire par les sindics de jn Bte Barrere et par une Maison de Bordeaux de qui j'attends réponse sur des comptes que je leur ai fourni; j'emploi mon tems a la verification exacte de tout mon travail & cette fois ci il aura été rigoureusement fait. je ne crois pas dutout d'étre obligé de me déclarer et espère terminer comme il a été convenu avec Mrs Dubrocq. il me tarde furieusement d'en venir là pour changer un peu ma maniere de vivre; car la Retraitte a laqu'elle je me suis condamné me devient plus pénible depuis ton départ. je n'ai personne avec qui je puisse parler de mes affaires; personne n'interromp plus le noïr de mes refléxions et si je ne suis point au travail, je me trouve vis-à-vis des personnes avec lesquelles je dois tout taire tout dissimuler.
Marianne part aujourd'huy pour chéz elle; elle sera absente 15 jours a son retour, je dirai à Larçabal de se chercher une place.
il me tarde furieusement de recevoir la premiere lettre et tu sçais bien pourquoi. j'espère que tu seras arrivée assés a tems pour détourner l'Orage qui groindoit contre nous, et que l'orison se presentara a nos regards sous des couleurs moins rembrunies. j'ai chargé avant-hier dans le Bateau de Bartheou, a l'adresse de Mme Barrere, Port payé, la Malle, la caisse, le panier & le fanal.
Hariague vint 5 Minutes après ton départ pour te faire ses adieux, il fut chez Poulet dessuitte, tu en étois partie; il m'a très Expressement chargé de te le dire et de te faire Mille complimens.
silvain m'a écrit, il demandoit de l'argent; tu seras arrivée là bien apropos.
dis à Lalanne que je répondrai a sa lettre dès que mes occupations me le permettront; assure le de mon amitié. Ne m'oublie pas surtout auprès de ta Tante, de ma soeur, de mon frère, de suverbie & de charlotte. adieu, Ma Bonne amie, je suis tout a toi

Marrast Neveu.



Lettre damitié de mon mari du
30 Juin 1816