Madame
Madame la Baronne de Cardenau
née de Borda
TilhLandes
Comte 18 mai 1858
Madame la Baronne
Je congediai donc Jeantinon, samedi matin. Il a convenu qu'il avait eu tort; mais ce coup imprévu, l'a beaucoup étonné; Il avait sa respiration bien dificilement, pendant quelques instants. Il dit a Gracieuse, que c'était bien sa faute, que je l'avais assez averti. Il partait avec regret.
Les commères l'ont trèz bien porté, pour qu'il ne soit plus obligé de passer l'eau pour aller les voir. C'est à Casteignau, un peu plus loin que Balade, qu'elles l'ont casé. Il fut prendre possession de son nouveau Poste, Dimanche matin, bien à bonne heure. Il gagne plus qu'au Comte; 120 f
s et des chémises, pantalons, sabots, &. J'ai écrit à M
me de Cauna pour lui faire part de ce congé.
Je n'ai pas encore de remplaceant, ni ne vois aux alentours un homme solide. On m'a parlé d'un Ancien Domestique de M
r Preuilh qui a resté 14 ans avec lui. Il vient d'entrer chez Abautret, parce que M
r Preuilh a pris un métayer chez lui; si cet homme se présentait je le prendrais vite.
Mais je crains qu'il ne se presente pas, en venant d'entrer chez Abautret. On m'a bien parlé de deux Jeunes gens qui, ne seraient pas dans le cas de remuer un sac de maïs. Ils ne sont pas plus grands que Cadetot. Je n'en veux pas. J'aurais pensé si, vous auriez quelque chose sous la main; J'en aurais été bien aise.
Je fus, hier matin, chez M
r Laburthe, J'ai obtenu la b
que de vin pour 180 f
s et 2, 20 pour le congé; J'ai payé le tout pour ne pas y revenir; mais M
r Laburthe ne peut pas faire partir le vin de suite; Sa femme vient d'arriver de Bordeaux malade. Cela le contrarie assez, de le faire partir dans ce moment, ou les Bouviers sont trèz occuppés. Je pense pourtant qu'il l'expédira cette semaine.
Daignez agréer, Madame la Baronne, les trèz heumbles respects de votre dévoué serviteur
Labaste
P.S. Les eaux ont fait des dégats au ruisseau du maï. J'y ai plusieurs ouvriers.
Tout le monde a été surpris du départ si précipité de Jeantinon.