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Lettre du général Péridon adressée au comte Harispe, au château de Lacarre (64)

[La transcription peut comporter des erreurs]


Monsieur

Monsieur le comte harispe
Lieutenant Général des armées du roy,
grand-officier de la Légion d'honneur, &a
au château de Lacarre
par St Palais, dépt des basses pyrénées



Sommervieux, près Bayeux, dépt du Calvados, le 8. 7bre 1827

Mon cher Général,

Il y a un mois et demi que j'ai quitté Paris pour faire un Pélerinage aux bords de la mer, dans le but d'y chercher des Distractions, d'y prendre et d'y faire prendre à ma femme des bains qui, depuis quelques années, sont devenus à la mode et se trouvent classés parmi les bains médicinaux dans les ordonnances de tous nos Docteurs hupés de la Capitale. On s'en trouve bien ou mal selon ses propres dispositions; la médecine sait toujours vous dire pourquoi Et n'Est pas embarassée d'Eluder sa responsabilité.
pour ce qui me Concerne & relativement aux bains de mer, je n'ai pas à me plaindre d'elle: ils ont produit sur nous d'Excellens effets, et nous avons obligation à notre médecin de nous les avoir conseillés.
Nous nous étions proposés d'abord de n'être absens de Paris qu'une Vingtaine de jours, mais comment s'arretter quand on éprouve du mieux être, et qu'on obtient du succès? Nous avons ensuite rencontré des personnes de ce pays ci que ma femme connait et qui aussi nous font perdre du tems dans les maisons de campagne fort agrèables dont elles nous font les honneurs aux bords de la mer sur les divers points à portée de la plage où nous nous sommes établis: je vous Ecris d'un de ces Castels.
c'est à ces Normands qu'Adrien devra s'en prendre si je lui manque un peu de parole: pressé de se rendre auprès de vous, je ne croyois pas retarder son départ plus loin que vers la fin d'Aout, & il devait m'attendre pour qu'Ensemble nous pussions arranger les petites affaires que vous avez à Paris, mais je vois maintenant que je lasse sa patience et la vôtre et que je l'aurois retenu à Paris une grande quinzaine de plus que je ne le pensois.
pourtant, j'ai définitivement fixé mon Départ; je serai à Paris, sans remise, le 14 ou le 15=7bre: si adrien m'a attendu, je vous l'Expédirai promptement pour les Pyrènèes.
J'avois, mon bon général, un grand besoin de Voyager, et je pense que la course que je vais achever aura produit des Effets durables sur ma santé. je veux maintenant rester moins casanier, laisser plus souvent loin derrière moi les barrières de Paris: j'achéverai la portion de beaux jours de la saison qui restera après mon retour, par un voyage obligé en Lorraine, Et l'annèe prochaine je me propose de me procurer le bonheur de vous embrasser chez vous. cette idèe me sourira pendant tout l'hyver et servira à me faire supporter l'Ennuy de cette saison. Paris et Ennuy vous semblent peut être, mon Général, choses contradictoires; le fait est pourtant que hors chez moi où je trouve heureusement quelque satisfaction, la grande ville a bien cessé de me plaire!
pour vous, mon cher Général, votre dernière lettre à laquelle j'aurois dû faire une réponse plus prompte, les lettres d'adrien me donnent sur votre santé des détails qui me font bièn plaisir: vous vous plaisez à la Campagne, vous y faites un Exercice salutaire, vous faites des heureux à côté de vous, et vous mèritez de l'être; soyez le, mon bon général, soyez le autant que le desirerait pour lui même celui qui trouve dans ses souvenirs tant de motifs de vous honorer et de vous aimer & qui ne cessera qu'avec la vie d'être,
Mon bon Général,
le plus sincèrement dèvouè de vos bons amis

Le Gl Péridon

P. S. ma femme et mon frére ont lu dans vôtre dernière lettre ce que vous avez la bonté de marquer pour eux. il me serait bien agrèable d'avoir à vous les presenter. ce moment arrivera peut être, disons mieux, arrivera sûrement un jour. En atendant recevez ici des Complimens que ma femme, qui est ici, me charge de vous faire, Et ceux qui sont de la part de mon frére qui n'a été ici qu'un jour ou deux avec nous et qui depuis longtems est de retour à Paris. J'y ajouterai pour ma fille, qui n'a pas quitté sa mère, l'Expression des tendres sentimens qui se graveront dans son Coeur pour l'ami généreux & le patron de son père.
mes hommages et mes amitiés dans votre famille et dans celle de mon ami Etcheverry.

J'ai lu [manque ...connaissance] l'Expression du bon souvenir de Mr le marquis [manque]: veuillez lui presenter mes Civilités.