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Lettre de Ferdinand Despériers adressée au comte de Gestas, ancien député des Basses-Pyrénées, à Pau (64)

[La transcription peut comporter des erreurs]


Monsieur
Monsieur le Comte de Gestas
ancien Député des Basses Pyrénées
à Pau.



Cauneille 24. avril 1845

Monsieur le Comte,

J'aurais bien des choses à vous dire mais le tems me presse et je voudrois que cette lettre vous arrivât avant le saumon que j'ai le plaisir infini de vous envoyer. Ce qui m'enchante par dessus tout c'est que votre excellent fermier sort d'ici : il a diné avec moi à son retour de Bayonne où il est allé pour affaires et en sortant de table j'ai pu lui faire voir ma troisième prise. Il a ouvert de grands yeux, il est jaloux et il dit qu'il n'y a que lui qui ait le droit de vous faire manger du poisson. Je prétends au même privilège tant que j'aurai droit de pêche et un coeur pour vous aimer ce qui durera encore longtems. Le second saumon que j'ai pris m'a échappé et voici comment : j'étois à clermont chez ma mère Samedi dernier jour ou il tomba dans mes filets et Lundi matin à mon arrivée mes domestiques croyant bien faire, l'embarquèrent pour Peyrehorade. Recevez donc avec bonté l'hôte qui va vous visiter. Je trouve que le dernier est arrivé fort tard à sa destination puis qu'il étoit parti la veille au soir comme celui de ce jour.
Votre fermier est un homme excellent et je lui ai reproché de n'être pas être venu plutôt : il m'a donné de très bonnes raisons. Il a un profond attachement pour vous et nous n'avons causé presque toujours que de Monsieur de Gestas et de Mme Maurin.
J'aurois du commencer ma lettre par vous remercier du souvenir que vous avez bien voulu me donner. J'y ai été d'autant plus sensible que je sais votre avarice en faits de lettres et en cela vous avez raison si c'est une fatigue pour vous et bien tort si vous ne soupçonnez pas le plaisir que vous causez à vos amis.
Je voudrois entamer un autre chapitre, celui de la politique mais le saumont part et ce billet doit le précéder. La foire de Pau approche et je me réserve de causer un peu longuement avec vous et de mettre de nouveau ma famille sous votre patronage.
Recevez, Monsieur le Comte, l'assurance de mon respectueux attachement et veuillez me rappeler au souvenir de Madame Maurin

Ferdinand Despériers