Monsieur
Monsieur A
dre Darricau
Linxe
V. J. M. J.
Je ne puis résister plus long-temps, au desir que j'ai de te consacrer quelques instants, où dans une lettre aussi affectueuse qu'il m'est possible de l'écrire, je puisse t'exprimer combien ton absence chagrine ta chère fille.
Sachant qu'à ton départ tu étais souffrant, je vis dans l'inquiétude, mais en espérant néanmoins que l'air de la campagne te sera favorable. Sera-ce à la fin de cette semaine que j'aurais le plaisir de t'embrasser, ou bien mon bonheur sera-t'il différé de quelques jours? Dis? cher papa! Oh! je t'en prie reviens bientôt, ne laisse plus ta fille te désirer. Elle t'aime tant, elle te chérit avec tant de tendresse!
J'aurais bien desiré, que tu te fusses trouvé ici hier, nous avons fait une partie des plus agréables. Nous avons passé toute la journée à Cristus; il ne manquait que toi pour mettre le comble à la jouissance que j'éprouvais à me retrouver au milieu de tous mes chers Parens. Je suis revenue au couvent le soir à 6 heures, et je trouve aujourd'hui que cette promenade n'a pas été nuisible à ma santé. Comment a tu trouvé Parrain? mieux sans doute, du moins je me plais à la croire. Embrasse-le pour sa filleule, qui l'aime toujours bien tendrement.
Adieu ou plutôt au revoir. C'est dans cette douce attente que je t'embrasse avec toute l'effusion de coeur de ta chère fillote.
Maman et Petit-fils t'embrassent et font mille amitiés à Parrain et à l'oncle Laporte que tu embrasseras pour moi. Adieu.
12 Mars 1840