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Lettre de M. Darrimajou adressée à M. Darrimajou, propriétaire, à Mont-de-Marsan (40)

  • Date: 18/01/1818
  • Lieu: Paris (75)

[La transcription peut comporter des erreurs]


A Monsieur
Monsieur Darrimajou
Propriétaire à Bascons.
A Montdemarsan.
Départt des Landes.



Paris, le 18 Janvier 1818.

Notre Bon ami René, Mon cher frère, est venu finir et commencer l'année avec nous; arrivé le mercredi 31 xbre, il est reparti le Dimanche 4 janvier. Il jouit d'une santé parfaite et d'un excellent coeur; l'une et l'autre, j'espère, iront toujours croissant en bien, et ce sera un beau et aimable garçon. Je pense comme toi qu'il n'acquerra pas du savoir dans la même proportion; non qu'il manque d'intelligence, mais bien de l'habitude et même de la volonté d'exercer cette faculté; son esprit est indolent, paresseux, et il sommeille très-souvent. Le Bon Mr Gersin, qui est venu nous voir le jour que nous lui avons renvoyé son Elève, attache son honneur à vaincre ce naturel apathique, et ne désespère pas d'en venir à bout. Je lui ai donné carte blanche en votre nom, et peut-être un jour vous annoncerai-je que le miracle est opéré. Au reste il a fait des progrès très-sensibles pendant sa 1re année, dont deux tiers à peine doivent lui être comptés, à-cause des maladies. Tu en trouveras la preuve dans les trois lettres ci-incluses, dont une en latin; je lui ai fait analyser cette dernière, et j'ai été agréablement surpris de la manière dont il s'en est acquitté. Concluons que nous n'aurons pas la prétention de faire de René un savant en us; mais que nous travaillerons à bien former son Physique, à cultiver son moral, à lui donner les notions nécessaires; en un mot à en faire un homme aimable et surtout un honnête-homme.
J'ai reçu tes lettres des 25 9bre et 27 xbre derniers; Mr Ducor m'a remis les 5 livres de chocolat; recevez nos remercîmens; je n'étais pas à la maison, lorsqu'il est venu, et je ne l'ai pas encore vu; ses compatriotes qui sont à Paris s'accordent à en dire du bien.
Tu as sans doute pris les protestations d'intérêt que t'a faites jumel pour ce qu'elles valent. Rassure-toi sur les sorties qu'il t'a dit avoir fait faire à René; un jour de l'été dernier il l'a promené à environ cent pas hors de la pension, et lui a payé un gâteau de 2 ou 3 sols; voilà à quoi se réduisent toutes ces sorties; et je serais fâché qu'il en eût été autrement.
St Marc est parti le 14 de ce mois; je l'ai peu vu, parce que mes affaires me laissent bien peu de momens disponibles, surtout dans cette saison; mais j'ai eu le tems de m'apercevoir que tu le connais bien, et que le portrait que tu m'en as fait est fidèle. Il aura bien des choses à te conter sur Stephen; et tu admireras son courage, s'il te fait le détail de tout ce qui s'est passé entr'eux; je pense qu'à l'avenir l'un mettra moins d'empressement et d'ostentation à offrir, et l'autre plus de discrétion à accepter.
Le cousin est parti si précipitamment que je n'ai pas eu le tems de le charger d'une lettre; je lui ai remis seulement les rapports du Mre des finances sur le Budget et le cadastre; quoique tu ne m'aies pas demandé ce dernier, je pensé qu'il te ferait plaisir; Lorsque la Commission de la chambre des Députés aura fait son rapport, je te l'enverrai. C'est bien; très-bien, Ma chère atala; nous avons été fort contents de votre lettre; continuez à suivre les inspirations du coeur; elles valent bien celles de l'esprit; tout annonce d'ailleurs que celles du bon esprit ne vous manqueront pas, et que vous profiterez des exemples que vous avez sous les yeux, pour être toujours bonne, toujours laborieuse, et devenir ainsi une épouse aimable et une tendre Mère. votre tante, qui aime beaucoup les jolies petites Demoiselles qui s'occupent, saisira la première occasion pour vous envoyer des aiguilles à coudre et à tricoter; Elle vous transmet, ainsi que moi, deux gros baisers de parrain; et nous vous chargeons d'en donner deux fraternels à votre chère Maman.

Nous desirons que vous continuiez à jouir d'une bonne santé, le premier des biens. je suis assez content de la manière dont ma femme a passé l'hiver, Elle n'est pas forte; mais elle a du courage.

Recevez nos tendres embrassemens.

Darrimajou

P.S. tu as bien fait de dire à Mr Ducor que je ne pouvais pas me mêler des affaires des autres. fais toujours de même.
J'ai bien de la [manque ... ire] aux miennes.