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Lettre de M. de Cés de Caupenne adressée à Mme de Cés née Verdier, à Bayonne (64)

[La transcription peut comporter des erreurs]


A Madame
Madame de cés née verdier
ches Madame des anges Maitresse de
pension
hotel de la poste aux lettres
a baÿonne



St Sever ce 3 de l'an 1823

Madame et chere niece

ce que vous me dittes touchant votre mari a renouvellé tous mes regrets. j'etois bien eloigné de vouloir lui causer quelque chagrin mais je l'avois prevenu des que je fus chargé de l'accablant fardeau de la cure de St Sever, que je me devois en entier a une parroisse d'une population de cinq mille ames, qu'en concequence il ne devoit esperer des lettres de ma part que pour des raisons graves et indispensables. vous l'avés eprouvé, Ma tres chere niece. vous vous en etes plainte, combien de fois ne me le suis je pas reproché a moi méme. mais je vous avoue que l'embarras de tant d'affaires relatives a mon etat, aux quelles il falloit parer, m'ont fait perdre de vue mes parents et mes meilleurs amis a qui j'ai eu causé bien de la peine. je ne m'en consolerois pas s'il me restoit du temps pour prendre quelque delassement. mais dans le poste que j'occupe il faut renoncer a tous les agrements de la vie méme les plus innocents. ceux qui connoissent mon genre de vie ne me dementiront pas. je voÿ sÿ bien, Ma chere niece, qu'il faudroit enfin songer a une retraite. j'ÿ avois pensé; je n'aurois pas delibéré un seul instent de la prendre aupres de vous, et de mon neveu; si j'avois scu que vous devies habiter ensemble ou a plaisance ou a boudonne. je n'oublierai jamais vos procédés a mon egard pendent le sejour trop court helas! que j'ai fait a laas. avec quelle satisfaction je m'entretenois de l'idée que dans mes vieux jours je trouverois aupres de vous une retraite analogue a mes gouts et a mon caractere. la providence en a disposé autrement. mais dans quelle situation que je me trouve soÿes bien convaincue, Ma chere niece, que je ne negligerai aucune occasion de vous prouver combien je prends interet a vous et a votre fille. mon frere a fait un testament mistique dont il ne m'a pas fait part j'ai compris neamoins qu'il avoit disposé de la quarte en faveur de son petit fils. que dailleurs il faisoit des legs pour environ huit mille francs. Mde Labat sa fille n'a reçu qu'environ 20000lt il lui en est donc encore du autres 20000lt a mon arrivée d'espagne nous reglames nos affaires. il se reconnut redevable a mon egard de la somme de quarante mille francs, dont vingt mille sans interet et les autres vingt mille a la rente de 5 pour cent. depuis cette epoque n'aÿant jamais paÿé de rente il m'a fait, quelques mois avant sa mort, la vente d'un objet evalué environ trente mille francs et nos arrangements faits depuis pres de vingt ans ont été annulés. je n'ai donc rien a répéter dans sa succession. l'objet qu'il m'a vendu est un moulin qui me mettra a méme de faire du bien a ceux de mes plus proches parents qui se conduiront le mieux, et qui fairont un bon usage de leur fortune. j'ai reçu aujourd'hui une lettre de Mr le juge de paix qui m'a dit être dans l'intention de vous ecrire. il devoit aujourd'hui apposer le scellé au chateau de caupenne. j'avois deja pris toutes les precautions possibles pour que rien ne fut soustrait. Mde duvigneau, seur de feu ma belle soeur, et qui ne lui cede en rien en delicatesse, et en vigilence, s'etoit chargée de toutes les clefs et je suis bien sur qu'elle n'a rien negligé pour qu'aucun objet ne fut soustrait j'ai donc vu avec peine qu'on ait mis le scélé. ce sont des frais qu'on eut certainement bien pu eviter.
il sera question de faire une estimation, et un partage des biens mais, a raison de la minorité de votre fille et de mon neveu, ce partage ne peut etre que provisoire. mais, en le faisant avec justice, on doit presumer que les mineurs parvenus a leur majorité le ratifieront.
je desirerois, Ma chere niece, que vous fussies de mon avis. les frais de justice sont si dispendieux, on eprouve tant de lenteurs qu'il est essentiel de s'arranger sans ÿ avoir recours. la chose peut se faire, si vous ÿ consentés. mon neveu l'ainé incapable de s'occuper de ses affaires a donné sa procuration tant pour son compte que pour celui de son fils a Mr le baron de lataulade notre parent. il ne pouvoit trouver un homme plus impartial, plus equitable, et plus desinteressé. il ne connoit d'autre concideration que la plus stricte justice si vos affaires ne vous permettoient pas de vous rendre sur les lieux vous auries la bonté de m'envoÿer une procuration en forme mais il faudroit auparavant connoitre la teneur du testament de feu mon neveu; s'il en a fait un, il n'ÿ a pas de doute qu'il ne vous ait laissé tutrice et administrairesse des biens de sa fille. dans le cas ou il n'existeroit aucun testament le conseil de famille vous nommeroit tutrice et en cette qualité vous pourries agir par vous méme ou par procuration
je me rendrai a caupenne le 14 du courant jour ou nous celebrerons un service solennel pour le repos de l'ame de feu mon frere. j'auroi jusqu'a cette epoque le temps de recevoir de vos nouvelles; et par la de connoitre vos intentions. s'il existoit quelqu'arrangement entre mon frere et votre mari veuillés m'en faire part. je tacherai aussi de proceder a l'ouverture du testament mistique qu'a fait mon frere.
aÿons confience en dieu, Ma chere niece, cherchons notre consolation dans la religion; combien n'offre t'elle pas de motifs capables de dissiper les chagrins et les ennuis, a des ames qui ont de la foi.
je suis avec concideration et le plus sincere attachement Madame et chere niece votre tres devoué serviteur et oncle

De cés de Caupenne archiptre curé



mon oncle curé