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Lettre d'A. de Calvimont adressée à Mme de Castarède, à Taillefer

[La transcription peut comporter des erreurs]


Madame
Madame de Castaréde
à Taillefer
Par Pau, basses pyrénées



Madame et chére Cousine,

Ma santé me jouant le tour perfide de me retenir à Bordeaux quand vous voulez bien m'attendre à Taillefer, Je ne veux pas tarder plus longtemps, à vous remercier moi même, de tout l'interêt que vous avez pris à mes infortunes, depuis quatre mois. Je l'eusse fait deja, croyez le bien, si J'en avais eu la force. Mais un des inconvénients les plus graves de Cette nouvelle maladie a été de me Condamner à ne pas écrire. Jugez de la privation pour un noircisseur de papier, comme moi! Surtout lorsqu'il s'agissait de vous dire ma reconnaissance pour vos inquiétudes et mon impatience de me retrouver à l'ombre tutélaire de cette bonne notre dame de Taillefer.
Les grandes pluies de ces temps derniers ont suspendu ma Convalescence, malheureusement et les deux ou trois Jours de soleil que nous avons, depuis le 27 n'ont encore rien produit de bien merveilleux à mon profit.
Dans cette situation, ne sachant Pas du tout l'epoque fixe à la quelle mon médecin me permettra de me mettre en route, Je viens vous supplier de songer à vous même et au besoin que vous avez d'aller, pendant les beaus jours, aux Eaux qui vous sont prescrites par notre sans pareil docteur Darralde. Ne nous attendez pas, au nom du Ciel, Car vous pourriez nous attendre longtemps et peut être ne pas nous voir arriver du tout.
La crise qui m'a frappé, cette année, est de telle nature que je ne Puis jamais Compter sur la semaine qui vient. un jour de pluie, une nuit d'orage me rejettent sur le grabat.
Je partirai donc, si Je pars, à l'improviste et à la garde de Dieu. J'irai, Comme je pourrai, à petites Journées, prenant le plus Court; Je tâcherai enfin d'arriver Jusqu'aux Eaux bonnes, avec l'espoir qu'au retour Je serai un peu plus ferme sur mes forces, un peu plus sur du lendemain.
Il me semble que St Sauveur n'est Pas trés loin des Eaux bonnes Et alors peut être pourrions nous vous faire une visite ou recevoir au moins celle de notre belle et chére niéce que J'ai tant d'envie de revoir.
Mais Convenez que je suis dans le vrai et faites moi dire, Par grâce, que vous ne m'attendez plus. Vous ne sauriez Croire Combien l'idée que J'arrête vos projets, que J'empêche un soulagement à vos maux me peine et me préoccupe. Je vous supplis donc, encore une fois, de ne pas songer à nous, Puis que je ne puis savoir quand nous partirons, Et bien plus que je ne sais pas même si Je pourrai faire le voyage.
Je suis entre les mains d'un médecin excellent qui a déja opéré deux ou trois prodiges sur ma personne. Je l'écoute donc Comme un oracle et Je fais sagement.
Ma pauvre Thérése, en dehors de toutes les inquietudes que je lui ai données, est fort privée de ne pouvoir Compter sur le plaisir qu'elle se Promettait, en vous revoyant. elle me charge de vous assurer ainsi que M. de Castaréde de ses tendres sentimens. Elle embrasse sa belle niéce et, malgré ma barbe de malade, J'ai bien envie d'en faire autant. Croyez, Madame et chére Cousine, à tout le gré sincére et sérieux que nous vous savons de votre affectueux et Constant intéret et Daignez agréer l'assurance de mon respectueux et inaltérable attachement

A. de Calvimont

Bordeaux le 1er Juillet 1853
109 Cours d'Albret