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Lettre de P. Bastiat adressée à D. Domenger l'aîné, à Mugron (40)

  • Date: 16/03/1802
  • Lieu: Bayonne (64)

[La transcription peut comporter des erreurs]


Au Citoyen
Dque Domenger l'ainé
par Tartas.
a Mugron



Bayonne le 25 ventoze an 10;

j'ay reçu, mon cher amy, votre lettre du 19 de ce mois, nous éprouvons un temps si froid qu'il n'est pas possible de sortir de la maison, malgré cela mes forces revienent & j'espere beaucoup de n'avoir plus de fievres, à la belle saison je gagnerai la Campagne ou je me propose de me rendre aprés Pacques, & j'attends ce moment avec impatience, Marsan m'a donné de bonnes nouvelles de votre santé de Celle de Made & de votre petite, elles nous ont fait a tous beaucoup de plaisir. il m'a instruit du Resultat des votes pour la Nomination du juge de paix, il a été tel qu'il devoit etre.
le prefet nous a quitté, il na rien fait a Bayonne, mais il sest retiré bien satisfait de ses habitants. on le dit beaucoup trop vif pour un administrateur, & on luy reproche de traiter les choses trop militairement, ce qui fait qu'il donne lieu a des plaintes trés ameres.
je suis faché, mon amy, que la famille de Campet & vous soyiés en Concurrence sans le scavoir pour la place de notaire que vous sollicités vous pour votre Couzin germain & Campet pour son gendre. il est étonant que vous voyant tous les jours vous ne vous soyiés pas communiqués vos intentions, l'amitié eut exigé un sacrifice, & vous l'eussiés fait l'un ou l'autre, je Connois trop vos rapports à Mont de Marsan pour ne pas etre persuadé que votre protegé aura le dessus, il faut neanmoins convenir qu'a mérite égal le pere de famille devroit l'emporter sur le Celibataire.
il est a souhaitter, mon amy, que votre prefet revienne a son poste, votre Departement est susceptible dameliorations, il en aura penetré le ministre, & je ne doutte pas que l'execution des projets quil a déja presentés n'ait un prompt effet, si les finances le permettent, mais on les dit bien résserrées.
point des nouvelles de St Domingue, ni du resultat des Conferences d'Amiens, on n'est pas sans inquiétude, je ne la partage pourtant pas, car je suis persuadé que tout ira comme nous le desirons, les vents sont contraires à l'arrivée des avisos qui peuvent venir des Isles. le Commerce est pour ainsi dire nul a Bayonne, ou il ne se fait absolument pas d'affaires. il n'y a que les negotiants en vins qui ayent du mouvement.
adieu, mon cher amy, je vous embrasse de Coeur & suis tout à vous

Pre Bastiat