Le Soussigné, Docteur en médecine, Directeur de l'asile public d'aliénés du Gers, sis à Auch, certifie avoir examiné, le 21 février 1897, la dame Zéphirine Cassagnau, épouse Lassus, née le 26 août 1846, à Huguères-Souye, canton de morlaas, & avoir reconnu cette dame comme affectée de mélancolie anxieuse à forme mystique avec (a) hallucinations de la sensibilité générale, de la vue & de l'ouïe, (b) croyance à des péchés et des fautes imaginaires, idées de culpabilité, d'indignité, de déchéance morale & (c) tendances au suicide aussi bien qu'à l'homicide.
Persuadée que l'âme d'un de ses parents souffre dans le purgatoire, - ce que lui avaient appris, tout d'abord par son tic-tac le balancier d'une pendule, puis des voix inconnues de qui elle recevait des avertissements & des conseils, - la malade a fait dire des messes, en premier lieu pour sauver cette âme en peine, ensuite pour s'exonérer personnellement d'intolérables douleurs viscérales que lui infligeaient certains « jeteurs de sorts »; les messes n'ayant produit aucun résultat, elle a tenté, sous l'influence des perceptions délirantes qui la dominaient, de sauter par une fenêtre; elle a proféré aussi des menaces de mort contre les personnes qu'elle jugeait l'avoir prise pour victime, mais sans cependant avoir jamais passé des paroles aux voies de fait.
La situation mentale de madame Lassus me paraissant des plus graves, je conseillai à ses parents, qui insistaient pour la garder auprès d'eux, d'exercer sur elle la plus stricte surveillance, les informant des dangers que l'aliéné pouvait faire courir tant à elle même qu'à son entourage ou à des tiers & j'indiquai comme traitement : la balnéation, l'hydrothérapie, l'exercice, les distractions de toute nature, à titre hygiénique, - les laxatifs et les calmants, à titre médicamenteux.
Délivré sur demande de la famille, le 30 août 1897.

VU POUR LEGALISATION DE LA SIGNATURE de Mr Nicoulau apposée ci-dessus

AUCH, LE 31 août 1897 Le MAIRE V. Sansot At