Monsieur le Docteur Ducournau
à Bénesse-Maremne
Par S
t Vincent-de-Tyrosse
Landes
Petit Séminaire, 5 Novembre,
Monsieur le Docteur,
La maison est louée, à partir du premier janvier. La gardienne va en informer la propriétaire et l'on y fera les réparations convenues, pendant ce mois de décembre.
Maintenant, c'en est fait ! Voila M
me Cabos et Fernand comme déja en route pour Aire.
Il reste entendu que vous faites arriver deux lits de Bénesse; M. le Supérieur fournira le 3
e, celui de Fernand, un lit de pensionnaire. Il faut bien qu'il dorme dans un lit de séminaire : on y apprend le grec plus facilement.
La femme, qui a la garde de la maison, a promis 6 bonnes chaises et une table pour la cuisine. Il sera bon de les prendre.
Mais pour le reste, ne pensez-vous pas qu'il soit dangereux de prendre du vieux ? On risque toujours de se donner une fâcheuse compagnie, dont M
me Cabos doit avoir une légitime horreur. Je ne suspecte pas la propreté de la personne en question. Mais les vieux meubles ne sont pas comme les vieux vins.
J'ai donc vu, à ce sujet, un menuisier de la ville. Je lui ai parlé d'une harmoire et d'une commode neuves mais très-simples. Il a demandé 10 francs, par an, de location. Je n'ai pas songé à lui demander une modeste table de salle à manger.
Si vous aimiez mieux prendre ces meubles, chez ce menuisier, pour cela, comme pour tout le reste, je suis entièrement à votre service.
Raymond se porte bien, et n'a été qu'un jour fatigué des copieux repas que lui a payés sa bonne grand-mère. Dites à M
me Cabos qu'elle a été bien raisonnable de ne le rendre malade, (c'est-à-dire sans appétit) que pendant un vendredi.
Croyez-moi, Monsieur le Docteur, votre tout dévoué.
Brutails
P.S. Ayez, je vous prie, Monsieur le Docteur, l'obligeance de faire parvenir le billet ci-inclus à M. le Curé de Bénesse, par Fernand, quand il ira au presbytère. Rien ne presse.