A Monsieur
Monsieur Larre Père
A Arcangues
J'ai reçu votre lettre avec bien du plaisir, et j'en ai beaucoup aussi à vous en écrire une petite, pour vous souhaiter une bonne année. je désire ardemment que vous ayez une belle place dans le Ciel; mais je voudrais que ce ne fut qu'après être resté avec nous aussi long-temps que les Patriarches dont nous lisons la vie dans l'Histoire sainte, restèrent avec leurs enfants.
Vous êtes bien bon, Cher Aitachi, de me demander des nouvelles de ma petite bourse; elle n'est pas encore vide, parceque nous avons tout ce qui nous est nécessaire à la pension, et que je n'ai point de fantaisies. je sais bien une manière de la faire utilement diminuer, et qui me ferait bien plaisir; mais ces dames ne veulent pas que je l'emploie sans votre permission. ce serait de faire quelque aumône. il y a beaucoup de pauvres honteux dans la ville, et surtout cette année que l'hiver est si rude.
Voudrez-vous, cher Aitachi, m'acquitter auprès des personnes de notre société; je ne puis toutes les nommer, mais vous êtes si bon que je suis bien sûre que vous ne m'oublierez pas auprès d'aucune. Je voudrais un peu de particulier pour Caroline.
Je suis toujours avec le plus tendre respect,
Votre reconnaissante et toute dévouée
petite-fille
Herminie Larre
Angoulême le 30 décembre 1829.