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Lettre de George Vivent adressée à Gasp. Vivent, négociant à Sainte-Marie (64)

[La transcription peut comporter des erreurs]


A Monsieur
Gaspd Vivent Négt
à Ste Marie
d'Oléron
Basses Pyrenées



Lafere Le 23 Juin 1825.

Mon Cher Gaspard.

Voilà à peu près six semaines que je m'attendais chaque jour à avoir le plaisir de recevoir de tes nouvelles, mais me rappelant que dans la dernière lettre que je t'ai écrite je te donnais pour certain notre changement de garnison pour le primtems, tu auras sans doute différé de m'écrire en attendant de mes nouvelles pour savoir où diriger mes lettres. Notre changement est fixé à ce qu'on assure pour le mois d'octobre prochain, mais il est très possible que nous ne partions qu'en Mars 1826. Il paraît que ce sera à Metz que nous irons tenir garnison. Je serai obligé de suivre le Régiment vu que toute permutation d'officiers est défendue depuis trois mois par une Circulaire du Ministre de la Guerre, mais comme en juillet 1826 ou six mois après au plus tard je serai nommé premier Lieutenant je ferai une demande au Ministre pour qu'il me classe en cette qualité au Régiment qui sera en garnison à Lafère. Plusieurs officiers du Régiment qui ont obtenu par leur ancienneté de l'avancement, ont fait des demandes pour être classés dans d'autres Régimens et elles ont été accordées sans aucune difficulté. Je pense que la mienne aura même resultat que les autres. Ma chère Epouse restera avec ses parens ce qui me privera du bonheur d'être avec elle pendant près d'une année. Il me sera très pénible de rester si long-tems séparé d'elle, il faudra cependant s'y résigner. Je l'aime plus que jamais, elle est telle qu'elle m'a paru avant de nous marier; mon bonheur est à son comble; elle brule d'envie de vous voir, surtout notre respectable Maman. Si la distance qui nous sépare n'était que d'une soixantaine de lieues son envie aurait dejà été satisfaite. Malgrè cela nous avons l'intention dans trois ou quatre ans d'ici d'aller passer quelques mois avec vous. Mon Epouse desirerait beaucoup connaître notre famille de même que le joli pays du Béarn dont elle entend souvent vanter par les personnes qui y ont séjourné.
Comme je sais que tu as envie de venir voir la Capitale avec ton Epouse, il faudra tacher si tu exécute ton projet de choisir une époque où il y ait des fêtes extraordinaires afin de rendre votre voyage le plus agréable possible, vous aurez soin de nous le marquer pour que mon Epouse et moi nous puissions nous y rencontrer. Vous viendrez ensuite passer quelques jours à Lafère et nous irons vous reconduire jusqu'à Paris.
Daprès le tableau que j'ai fait de ta chère Epouse, la mienne serait bien aise de la connaître. Vous auriez très bien fait de venir voir les rejouissances qui ont eu lieu à Paris à l'occasion du sacre, car des circonstances pareilles pourront bien ne pas se présenter avant long-tems, cela nous aurait procuré le bonheur de vous voir.
Comme j'ai beaucoup de respect et de vénération pour Monsieur Casamayor Rey notre voisin, je te prie de me faire connaître l'état de sa santé; dans le cas où il n'aurait pas succombé à sa maladie, (chose que je désire du profond de mon ame,) veuilles lui présenter mes respects de même qu'à madame son Epouse.
Il y aura bientôt un an que j'avais le bonheur de me trouver parmi vous. Je me rappellerai long-temps le plaisir que j'y ai éprouvé. Comme je me levais presque tous les jours à l'heure du dejeuné, le petit Justin venait dans ma chambre m'appeler et me dire cho-che dejeuné bombon. Quelquefois aussi qu'il se trouvait disposé a jouer, il mettait sa petite main droite sur son derrière, levait la jambe droite penchait le corps et me disait cho che megna megna il se sauvait en riant, je courais après lui faisant semblant de vouloir le prendre. [Vra... manque ...t] le petit tetin me rendait heureux de le voir si [esp... manque ...le], dis moi s'il est toujours drôle. Mon Epouse voudrait bien le voir ainsi que son frére frederic le grand et sa soeur augustinette. Elle desirerait beaucoup aussi voir la famille d'augustin.
Baptiste a-t-il fini son temps à Nay, va-t-il rentrer à la maison ou va-t-il être envoyé dans quelqu'autre ville ?
Je présume que le commerce avec l'Espagne aura été cette année un peu plus brillant que l'an dernier je désire de tout mon coeur que tu ayes tiré bon parti de tes marchandises de même qu'augustin. As-tu bien gagné sur tes pièces d'huile ?
Comme la santé de notre bonne Maman m'est on ne peut plus chère dis-moi si elle est toujours bien portante, Embrasse la bien de ma part ainsi que de celle de mon Epouse.
A L'occasion du siacre nous avons eu dans cette ville un bal charmant. L'illumination ni les fêtes publiques n'ont pu avoir lieu le même jour à cause du mauvais tems qu'il faisait; ça a été remis à un autre jour. Dis-moi si Oleron s'est distingué dans cette circonstance.
Le Regiment qui a fourni une batterie de six bouches à feu pour le sacre, a eu sa part des faveurs que le Roi a accordées. Deux Capitaines ont été nommés Chefs de Bataillon quatre Capitaines en 2e. sont passés Capitaines en premier, un Lieutenant a été fait Capitaine en 2e. Deux Capitaines ont reçu la Croix de St Louis, Un Lieutenant 1 adjudant et un vieux sergent ont reçu celle de la Legion d'honneur. Les Croix qui sont accordées aux sous officiers et canonniers sont les seules qui sont payées celles des officiers ne le sont pas.
Si tu as des nouvelles de l'Espagnol (Bautista) fais moi l'amitié de me le marquer et si tu lui écris fais lui des complimens de notre part.
Mon Epouse s'unit à moi pour vous embrasser tous en général. Mr et Mme Gerbin vous disent mille choses honêtes.
Mes compliments à mr et mad. Carrère, maman Larroque fannillette &...

Crois moi, cher Gaspard, pour la vie
ton devoué frère qui t'aime tendrement

George

Si tu avais une occasion favorable pour Paris je te prierais de vouloir me faire le plaisir de m'envoyer deux ou trois andouilles de chez toi ou de chez augustin, elles sont si bonnes que je ne puis y penser sans que cela ne me donne un grand désir d'en avoir.

Mes amitiés à Mr Dubois voisins et voisines. Mes respects à mr et me Crouseilles demoiselle



1825.
Lafere le 23. Juin 1825.
George Vivent
repondu le 18 Aout do