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Lettre de M. Dubrena adressée à M. Soubiran fils, avocat à Mont-de-Marsan (40)

  • Date: 01/12/1813
  • Lieu: Paris (75)

[La transcription peut comporter des erreurs]


A Monsieur
Monsieur Soubiran, fils,
avocat
à Mont de Marsan
Landes




Paris le 1er Décembre 1813.

Je suis un peu tardif, Monsieur et Cher Soubiran, à repondre à votre aimable lettre. les occupations aux approches du 1er de l'an nous assoment; je n'ai que le dimanche pour vacquer a mes affaires particulières, et les dimanches dans cette saison sont si courts que pour peu qu'il y ait de la paresse d'un autre coté on conçoit que je remets de semaine en semaine a écrire à mes bons amis, sur l'indulgence desquels je compte toujours. quant a vous mon Cher ami, il n'y a que la tournure de vos excuses sur votre négligence qui puisse vous faire pardonner. heureusement que Camille (D'aydie) nous a tirés d'inquiétude a votre sujet, tout ce que nous désirions de savoir sur votre compte il nous la appris; c'est a dire que vous vous portiés bien au sein de votre famille.
Ma femme me charge spécialement de vous dire que sa rancune est passée, mais qu'il ne fallait pas rouvrir la playe en restant une année sans nous donner de vos nouvelles. malgré le plaisir que nous aurions de vous voir, nous serions fachez de le devoir a l'incursion des armées Anglo-Espagnoles et Portugaises. vous pourriez trouver un meilleur pretexte pour concilier notre amitié avec l'amour que nous portons mutuellement à nos bons Compatriotes. tachez de ne pas perdre de vue le projet de venir à Paris. vous savez davance combien nous serions enchantés de vous y voir et surtout de vous y savoir a démeure et heureux. Mr et Mme Noël ne cessent de parler de vous, on vous cite avec raison pour un modèle par excellence, on voit effectivement peu de geunes gens qui vous ressemblent.
Olympe qui commence a sentir les éloges, a exprimé par la rougeur qui lui est montée au visage, en lisant votre lettre, combien elle était sensible a l'intéret particulier que vous prenez a elle, je ne la presse pas dans cette occasion de vous écrire pour vous remercier, son petit amour-propre serait a une trop grande épreuve, parce qu'il est convenu entre nous que tous ses écrits seraient envoyés tels qu'elle les auraient conçus. du reste son imagination se maintien, M. Roques lui a enseigné l'italien qu'elle traduit très bien, elle connait aussi sa Grammaire et ne craindrait pas d'entrer en lice avec un Curé de village. par exemple sa mémoire est étonnante, tout ce qu'elle lit de l'histoire se classe dans sa petite tête, noms, dattes elle se rappelle de tout. la mytologie est classée dans son cerveau comme dans un livre. elle a vu tout le solfege de Rodolphe et chante assez bien une Gamme sur toutes les clefs. vous allez dire, voila bien les visions d'un pere, cependant tout cela est a la lettre, du moins je le vois ainsi.
Le Pauvre Bergés m'avait écrit une quinzaine avant de quitter ce monde et en m'annonçant un projet de mariage, il ne songeait pas a une fin si prochaine. il est mort de la maladie du scorbut dont il portait les semtomes dans la Bouche pendant qu'il habitait parmi nous. il a été généralement regretté. ceux qui l'ont connu plus particulierement sentiront longtemps sa perte, un ami de son espèce se remplace difficilement.
Ménagés bien votre santé, Mon Cher ami, vos douleurs de Poitrine ne sont rien quand on se conduit comme vous le faites. j'ai éprouvé ce mal pendant bien des années et je m'en sens encore au moindre petit rhume. les médécins m'ont toujours dit que m'a poitrine était très saine, mais faible et susceptible aux variations des saisons. en me ménageant je prolonge mon existance et au Total je n'ai pas lieu de me plaindre de m'a constitution.
Il parait que la soeur Dorothée, votre aimable soeur, a quitté la maison ou m'a femme avait été la voir. nous ignorons sa nouvelle retraite et la raison qui la empechée de venir a la maison ainsi qu'elle l'avait promis. vous même, mon Cher Soubiran, vous ne nous en dittes rien dans votre lettre, d'où cela vient il ? vous vous en expliquerés je l'espère la 1re fois que vous nous écrirais. recevez, je vous prie, Monsieur et Cher ami, les embrassemens de toute ma famille et l'assurance de son sincere attachement.

votre ami devoué

DuBrena