Sud-Ouest Généalogie

Cartes postales et photos anciennes, histoire locale, généalogie, ...

Lettre de M. Castandet adressée à M. Castandet, élève en droit à Paris (75)

[La transcription peut comporter des erreurs]


Monsieur Castandet
Eleve en droit Rue de Vaugirard
N° 36
A Paris



St Sever 19 aout 1820

nous avons reçu mon tres cher Enfant par Mrs Dusault, Capdeville, & Gauzere ce der arrivé ici le 16 du courant tes diverses lettres, qui nous ont comme tu dois bien le croire, rejoui, les toutes, en apprenant que tu te portais bien, mais notre satisfaction à eté bien augmantee par les favorables rapports qu'on nous à fait de ta bonne conduite, de ton amour pour le travail, & de tes sages & necessaires reflexions sur la depence; oui mon cher Touton tes pere & Mere, frere & soeur, sont contents, & trés contents de toi, sous tous les rapports jusqu'a present, ils te cherissent & ils esperent que par l'amitié que tu leur temoigne, & ton bon coeur, tu continueras à leur donner satisfaction en tout ce qui depend de toi; celle ci, à été bien grande en apprenant que tu avais subi ton 1er examen, avec honneur, & même distinction, Dieu veuille qu'il en soit de même pour les suivants, je suis convaincu que tu feras tout ce qui dependera de toi pour cela, ce premier pas dans la carriere que tu parcours, m'est fort agreable, en ce que je ne te le dissimule pas, je juge convenable, qu'un jeune homme subisse ses examens à fur & mesure, qu'il voit les matieres qu'on traite, & qu'il ne renvoie pas, à en subir plusieurs dans une même année, a moins qu'on n'y soit forcé par des circonstances qui ne dependent pas de nous, & dans ton intéret & pour ta santé mon cher Touton, en partageant bien ton temps, & sans t'exceder de travail, tu peux Esperer de mieux la conserver, de ne pas l'affoiblir, & lui prejudicier par un travail excessif, en agis donc ainsi, si cela t'est possible; te voila je l'espere un peu enhardi, ne laisse pas fletrir des Lauriers que tu as cueillis; ils auroint pu etre une Bagatelle, plus blancs, mais ce petit melange de Rouge ne leur fait pas grand mal, Enfin nous sommes tous contents, & trés contents de t'en voir decoré de tels; je ne puis pourtant te dissimuler, mon tres cher Touton, que tu as eté trop craintif d'avoir pour examinateur, le bon Mr de Portets, ton compatriote, & ton Professeur, ce n'est pas pour avoir une Boule blanche de plus, ce qui est incertain, mais par pure satisfaction que nous aurions eprouvé, que c'eut eté lui qui t'eut examiné; je te crois mon bon ami, sans peine, content, & bien fatigué par suite de ton travail, & de ton assiduité à l Etude sur tout depuis quelques mois, & que tu as besoin de repos, tu dis que tu ne feras pas grand chose pendent les huit premiers jours, je t'en accorde huit autres de repos, mais ensuite, sans te fatiguer, & te priver de jouir un peu, & honnetement surtout, des vacances utilise les en partie pour te trouver un peu ferré sur les matieres à traiter à la rentree des cours; pour cela procure toi les livres que tu te croiras necessaires, & surtout les indispensables à mes fraix, & pour te donner une preuve de ma satisfaction je te reitere que je consents à ce que tu te donnes quand tu voudras, la Redingotte telle que tu la croiras convenable sans luxe, & pas ridicule cependent je double encore ton trimestre actuel, cest à dire qu'au lieu de 36 f. il sera de 72 f. en te recomandant cependent l'economie, elle n'est pas deplacee chez les Riches, & elle est necessaire & indispensable chez ceux qui ne le sont pas; nous sommes malheureusement dans cette classe; cependent parlons mon cher Touton finances, je prevoiais bien que n'ayant au 23 juin der à me rendre compte que de 442 fs ils seroint reduits a peu de chose au 23 aout present mois, & nous en approchons, par tes depences, ordinaires, & extraordinaires de l'Examen, quelque achat de livres 35 f. à compter a Mr Laurentie pour Mr Lalande, & je t'avoue que je craignais, que tu fusses dans l'embarras, pour parer à ces depences, mais je savais, que tu avais encore 300 f. à prendre chez Mrs Behic Menard & Cie & j'esperais que tu saurais y avoir recours au besoin, tu las fait, tu as bien fait; tu dois te rappeller que je desire que tu aye toujours une petite avance devers toi, par ta 1ere lettre tu peux te borner à me dire toutes dettes payées alors, même le cout de la Redingotte, & ton doublement de trimestre actuel, ce qui te restera net à me rendre compte, ma confiance en toi, est assez etendue pour ne pas en exiger d'avantage; nous attendons Tetin pendent la semaine prochainne avec Made Bourdenx, celle ci veut se donner la satisfaction de couronner le 29 de ce mois son fils valery qui concourra toujours au 2d prix dexcellence en 4e & peut etre aura til quelque accessit dans les compositions pour les prix en version & Theme, j'arrangerai avec Tetin pour qu'il te soit ouvert un nouveau credit chez Mrs Behic Menard & Cie de 4 à 600 fs tu peux en etre assuré, sans l'arrivee prochainne de Tetin je l'aurais demandé aujourdhuy.
Mr jourdan est en ce moment à Pau, mais on l'attend pendent la semaine prochainne si tu lui avais ecrit pour sa fete cela aurait eté bien, mais je ne vois pas de necessitté à lui occasionner le cout d'un port de lettre, cela serait plus à propos pour le 1er de l'an
Mr Lalande est toujours bon ami il s'interesse bien vivement a toi, & partage avec nous tous, la satisfaction que nous eprouvons à la reception de tes lettres dont il entend la lecture avec plaisir, il te fait bien ses amitiés.
ne manque pas d'aller voir Mr de Portets avant son depart, & tu feras bien d'ecrire par lui à felix hontang, & à petit Lalande, il y a apparence que ce der ira te joindre pendent le mois d 8bre
j'ai pris ce matin le chocolat avec Mr Dubedout qui te fait ses amities, fais bien celles de nous tous à son fils avec lequel je crois & je desire que tu sois toujours bon ami. D'aprés ses progrés dans ses cours, je vois avec peine qu il faudra que vous vous separiez au commencement de l'année prochainne, il faut bien se resigner à ce qu'on ne peut eviter.
nous avons tous partagé la peine, & le chagrin qu'ont eprouvé Mr Laurentie, & sa bonne & Respectable epouse par la mort de leur Enfant, tu n'auras pas manqué de leur aller temoigner la part que tu y prenais, tu nous feras plaisir d'aller le leur temoigner de notre part, en faisant nos amities a Mr Laurentie, & presentant nos hommages a Made
Mr de charritte s'est donné une compagne, sa cousine, qui n'est pas belle, mais elle est méritante, & fortunee avantages à conciderer
as tu quelque donnee que le general Durrieu doive se rendre ici sous peu continue tu à le voir, sil vient, je pence que tu le verras avant son depart, amitiés pour lui de la part de nous tous.
Pauvre Mayloc va toujours de mal en pis, on craint bien pour lui, nous le regretons tous bien sincerement, cest un bon garçon, & il est bien necessaire à la famille Dieu veuille le conserver.
ta tante Lucine n'est pas sans des fortes souffrances, & des grandes craintes sur son etat cancereux, & nous ne les craignons que trop fondées son Moral est fortement affecté, & son Phisique s'en ressent vivement
Le fameux ou plutôt l'inconsequent, & desordoné charles Tortigue est donc de retour de Toulouse, avec son Diplome de capacité d'avoué dit on, son sejour à Toulouse n'importe son diplome lui a eté je le crains, bien funeste sous bien d'autres rapports il a debarqué à sa maison de campagne, & à pied puis aire dans la nuit avec une Espece de Demlle, belle femme dit on, mais dont la conduite si elle n'est pas mauvaise, ce que j'aime à croire, prete toujours a des propos, & donne lieu a des conjectures désagreables, les uns disent que Tortigue lui à des grandes obligations, qu'il finira par en faire son epouse legitime, d'autres que Tortigue ne la menée qu'en qualité de femme de chambre, dans les deux hypotheses, il à fort mal & trés mal pensé d'ajouter à ses sotices, & à ses inconcequences passées, celle de l'emmener, il n'a pas encore paru en ville de jour; il n'y est venu que deux fois pendent la nuit, je ne l'ai pas encore vu, ni n'est venu à la maison, & j'avoue que je ne suis pas curieux de le voir, d'après sa conduite;
adieu mon cher Enfant nous t'embrassons tous pere, Mere, frere & soeur tendrement par Lettre, en attendant que nous puissions le faire Reelement, Dieu veuille nous accorder à tous cette douce satisfaction, & continue en attendant aussi mon bon ami a etre sage, econome, Laborieux, & dans des bons principes sociaux, & Religieux, notre satisfaction sera à son comble, & la continuation de notre amitié, t'est, & te sera assurée.
Parents voisins, & amis te font leurs amities.
tu feras bien au retour de la Respectable famille de Mr Lainé à Paris de ne pas manquer d'aller lui faire visite, sans se rendre importun ni même familier il ne faut pas manquer aux Egards qui lui sont dus.
Vois tu jamais Mr Bintot, & comment est tu avec jovani Douat, avec Mr Daguerre, Mrs feuillan, & Redonet qui sont maitres dans ce pensionnat sont de tres honnettes garcons.
adieu de Rechef mon cher & tres cher Enfant, aime tes pere, Mere, frere, & soeur autant que tu en es aimé, nous ne t'en demandons pas d'avantage, menage ta santé
tout à toi, & ton bon pere pour la vie

Castandet

ton ami Mr Dussault est un charmant jeune homme honnete, d'une conduite edifiente sous tous les rapports, il te parait attaché, il est en ce moment à Labastide avec Mlle sa soeur.



Du 19 Aout 1820

Répondu le 24 Aout 1820 et rendu ce jour là un compte depuis le 23 juin jusqu'au 23 Aout