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Lettre d'A. de Calvimont adressée à Mme de Castarède, au château de Taillefer

[La transcription peut comporter des erreurs]


Madame
Madame de Castaréde
au chateau de Taillefer
Par Pau



Madame et chère Cousine,

C'est avec un véritable chagrin que nous renonçons à aller vous faire nos adieux avant votre départ pour le Périgord. Nous avons espéré, Jusqu'au dernier moment, que M. Darralde partirait lui même, Et nous laisserait ainsi toute liberté; mais il a des malades, en grand danger, et ne sait plus quand il pourra les quitter, sans blesser toutes les lois de l'humanité.
Nous sommes donc forcés de Prolonger notre séjour, sans en prévoir le terme. Quoique ma santé n'ait pas éprouvé d'Echec sérieus, depuis ma convalescence, cependant l'entrée de l'automne m'a fait une certaine impression. Mes battements de coeur ont été trés violents et le sont encore, tantôt le jour, tantôt la nuit.
Il est évident que les nerfs y sont pour beaucoup, mais le coeur et le poumon sont si proches parents, que l'excellent docteur attache un certain Prix à les maintenir bien ensemble. Il en résulte que j'ai pris, selon ses avis, le dur parti d'aller à Navarenx attendre, auprès de lui, la solution de mes intérets administratifs. Cela ne Peut pas être bien long maintenant et j'avoue qu'il me tarde un peu d'Etre fixé. Cette vie de gitane commence à n'Etre pas tout à fait de mon gout.
Lorsque je pense que vous allez dans mon royaume et que je ne serai pas là pour vous en faire les honneurs, je sens plus vivement que jamais tout ce que j'ai perdu en perdant la santé. J'aurais été si heureux de vous recevoir, si fier de donner un bal pour ma chére Niéce! Je crains quelque fois d'avoir commis un grand crime, sans m'en douter, lorsque je songe aux Expiations de toute nature que je subis.
Ma pauvre Thérése partage bien toute ma tristesse et si nous n'avions pas l'espérance prochaine de meilleurs jours je ne sais pas si notre résignation serait suffisamment chrétienne.
Adieu donc, Madame et chére Cousine, j'espére (Puisqu'hélas! nous n'y sommes Pas!) que votre séjour en Périgord ne le Prolongera pas trop. Vous nous trouverez sous le marchepied, quand vous reviendrez et vous êtes prévenue davance que je vous demanderai de longs dédommagements.
Thérése et moi nous nous réunissons Pour vous offrir ainsi qu'à M. de Castarède nos sentimens les plus tendres et les plus respectueux; Et (Puisque c'est bien convenu!) nous embrassons notre charmante niéce.

A. de Calvimont

Nous Espérons bien que Mlle Adèle est tout à fait sur pied.

Eaux-bonnes 30 7bre 1853