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Lettre de M. d'Abzac adressée à Mme de Castarède, au château de Taillefer

[La transcription peut comporter des erreurs]


Madame de Castarède
Au château de Taillefer
Pau.



Ma chère Cousine, j'ai été bien touché de votre bon souvenir. Je ne vous en ai pas remercié sur le champ parce que j'attendais une lettre de Venance. Elle m'est arrivée hier soir. Il est toujours à Varna chagrin de n'être pas en Crimée et ne sachant quand on viendra chercher sa division. Je conçois sa peine mais je ne puis que remercier Dieu qui seul sait ce qu'il nous faut. Dans ma première lettre je lui disai votre sollicitude. Vous avez raison de l'aimer car il vous aime bien.
Il me dit que le siège de Sébastopol a dû commencer le 4, jour où il m'écrit. Il est probable qu'on ne fera pas venir sa division en Crimée. Mais où passeront-ils l'hiver? Ils n'en savent rien et se perdent en conjectures.
Vous prendrez part, ma bonne Cousine, à la peine que nous éprouvons. Nous venons de perdre un de mes neveux, le plus jeune des fils de Mr de Pindray qu'Arnaud a connu à Paris. C'était un charmant enfant de vingt-un an. Venance éprouvera une vive peine de cette perte. Il avait été son protecteur à Lyon. J'ai sa soeur près de moi. La pauvre enfant a le coeur bien déchiré. Mais nous avons une consolation bien grande dans la mort toute chrétienne de ce cher neveu. C'est à Lyon que nous l'avons perdu. Il y était en garnison. Priez pour lui, ma chère Cousine, et pour nous tous.
Ma bonne Rose vous offre son respect. Veuillez être notre interprête auprès de Mr de Castarède et de votre charmante fille. Ne nous oubliez pas quand vous écrirez au cher Arnaud.
Vous me parlez du Choléra. Je vous engage à demander à Mr l'abbé Mique, à l'imprimerie du Petit Montrouge, le n° du journal La Vérité qui parle de l'Esprit de camphre. Il faut affranchir la lettre et mettre dedans un timbre poste de vingt centimes.
Agréez, ma chère Cousine, l'expression de l'attachement respectueux et du dévouement de votre cousin

d'Abzac.

Le Ballet, 19 octobre 1854.